L’histoire de la Speedmaster Prototype « Monocontatore »

Dans les années 1960, la plupart des maisons horlogères ne produisaient pas leurs propres cadrans mais faisaient appel à des sous-traitants, ce qui est encore souvent le cas aujourd’hui.  Le principal d’entre eux était Singer à la Chaux-de-Fonds, qui travaillait notamment pour Rolex, Omega, Tudor,…

(source : www.singersa.ch)

Singer réalisait également des prototypes qui étaient présentés aux marques.  En 1967, l’entreprise a développé plusieurs cadrans étonnants, dotés d’un seul compteur surdimensionné.  Ils ont été proposés à Rolex ainsi qu’à Omega ; cependant, ils n’ont pas été validés et ne sont donc jamais entrés en production.  Peut-être étaient-ils trop originaux ?

 

Ci-dessous, le cadran prototype Rolex Yacht Master reprend clairement les codes de la fameuse Daytona « Paul Newman », avec les petits carrés dans le compteur des minutes.

 

Plusieurs variantes de cadrans « Monocontatore » ont existé.  En ce qui concerne Omega, il n’y a que trois versions connues : un cadran noir avec compteur blanc, un cadran entièrement blanc et un cadran entièrement noir.

 

Lorsque l’on regarde ces cadrans de plus près, une chose intéressante apparaît : la typographie de l’inscription « Omega Speedmaster » avec O ovale est identique à celle du cadran de la référence ck 2915, la toute première Speedmaster de l’histoire produite entre 1957 et 1959.  En réalité, il est très probable que Singer, lors de la création du prototype Monocontatore, ait réutilisé le même tampon que pour la 2915.

 

Les Speedmaster « racing » des années 1960 partagent également plusieurs caractéristiques avec les cadrans Monocontatore : la typographie « Omega Speedmaster » identique, ainsi que la présence de traits rouges toutes les cinq minutes.

 

Omega n’ayant pas décidé de valider ces cadrans, ils n’ont jamais été montés dans des montres « de série » et ne sont donc pas répertoriés dans leurs archives à Bienne.  Mais dans ce cas, pourquoi certains d’entre eux ont-ils tout de même été emboîtés ?  Cette question est intéressante, mais il est difficile d’y répondre avec certitude.  Il y a cependant plusieurs explications.  En effet, les marques emboîtaient parfois les cadrans afin de voir à quoi ressemblerait une montre « finalisée », et décidaient ensuite si le résultat leur convenait ou pas.  Il est également possible que certains cadrans aient été montés ultérieurement, par exemple par des employés ou collectionneurs.

 

Une chose est sûre : il n’y a aucun doute quant à l’existence et l’authenticité de ces cadrans Monocontatore.  Produits à seulement une poignée d’exemplaires, les cadrans prototypes étaient conservés dans des classeurs archivés chez Singer, et n’ont jamais été commercialisés.  Trouver une montre dotée d’un tel cadran aujourd’hui, c’est réellement exceptionnel.

 

Un excellent article sur Rolex Passion Report étudie en détail les cadrans prototypes réalisés par Singer : cliquez ici pour le lire.

Ci-dessous, une Omega Speedmaster référence 105.003 avec un cadran « Monocontatore » entièrement noir.  Il s’agit du seul exemplaire connu.