Seamaster 300 Big Triangle “no date” : Mark 1 vs Mark 2 dials

—ENGLISH VERSION AVAILABLE SOON—

 

L’omega seamaster 300 est une montre qui a toujours fasciné les collectionneurs.  Au poignet, son charme opère immédiatement : boîtier quasiment identique aux speedmaster, cadran simple et lisible, et surtout cette lunette bakelite luminescente qui offre des reflets et une profondeur inégalables.

 

Dans la famille des seamaster 300, il y a une catégorie à part.  Le nec plus ultra.  Il s’agit des fameuses « big triangle » reconnaissables à leur imposant index de forme triangulaire à 12h.  Ce modèle se décline en deux versions : avec date (ref. 166.024) et sans date (ref. 165.024).  La version sans date est plus rare : d’après mes observations, il y a eu trois à quatre fois moins de big triangle sans date produites.

 

Big triangle sans date

 

Big triangle avec date

 

À force de collectionner et manipuler ces petites merveilles, quelque chose m’a frappé : il existe en réalité deux versions de cadrans big triangle sans date, avec des différences importantes au point d’y consacrer un article.

 

1) le cadran « Mark 1 »

Il s’agit du cadran classique.  Les marquages blancs sont un peu ternes, tirant parfois vers le beige.  Ils ne présentent aucun relief par rapport à la surface du cadran.

Les index tritium ont généralement développé une patine jaune/orange.

 

2) le cadran « Mark 2 » ou « Maxi »

Ce cadran, qui fait l’objet de cet article, est intéressant à plusieurs égards.

Tout d’abord, les marquages sont très blancs, assez épais et légèrement brillants.  Toutes les inscriptions sont en réalité un peu plus « grasses » que sur le cadran mark 1.  Si l’on observe la surface du cadran, les chiffres présentent un léger relief.

Ensuite, les index tritium ont toujours une patine verdâtre.  Je n’ai jamais vu de cadran mark 2 avec une patine jaune.  Les index sont d’ailleurs beaucoup plus gros que sur les mark 1 : cela se remarque tout de suite si l’on observe leur largeur.  C’est pour cette raison que ce cadran peut également se surnommer « maxi ».

 

Voici une comparaison afin de bien montrer cette différence de taille des index.

Mark 1 

Mark 2 

 

Ci-dessous, une seamaster 300 cadran mark 2 produite en avril 1967.

 

3) comparaison avec les versions militaires

Les seamaster 300 militaires, montres de dotation de l’armée britannique principalement, sont toutes des big triangle sans date.  Mais là où les choses deviennent intéressantes, c’est que la plupart d’entre-elles présentent absolument le même cadran que les mark 2 : même couleur des index, même texture, même taille.  La seule différence est la présence du symbole « T » entouré (indiquant l’utilisation de tritium), mais celui-ci était ajouté par la suite.  Notez que ces exemplaires, très recherchés, atteignent des prix généralement élevés.

Voici quelques big triangle militaires vendues aux enchères (crédit photos Bonhams).  Il est intéressant de remarquer que le symbole T entouré peut être positionné dans la partie supérieure ou inférieure du cadran.

 

4) La période de production du cadran Mark 2

Étant donné le peu de montres 100% cohérentes en circulation, dater avec précision ces cadrans mark 2 n’est pas facile.   Ce qui est certain, c’est que les cadrans mark 1 sont les plus anciens.  Les cadrans mark 2 sont apparus un peu plus tard et ont été recensés sur des montres produites entre 1967 et 1970.  Attention cependant, les cadrans mark 1 ont continué à être montés alors que les mark 2 existaient déjà.  Une big triangle de 1969 peut donc très bien avoir un cadran mark 1.

 

5) Conclusion : pourquoi un cadran mark 2 ?

Pour quelle(s) raison(s) existe-t-il cette version particulière ?

Il n’y a aucune certitude à l’heure actuelle.  Je penche cependant pour l’hypothèse suivante.  Lorsque l’armée britannique a demandé à Omega de lui fournir des montres, celles-ci devaient répondre à un cahier des charges strict afin de remplir au mieux leur fonction sur le terrain : montre lisible d’où l’utilisation des aiguilles « glaive », boîtier à barrettes fixes plus résistantes… L’appellation « toolwatch » prend ici tout son sens.

Omega aurait-il décidé de créer une série de cadrans encore plus lisibles afin de répondre au mieux aux besoins des forces armées ?   Cette théorie tient la route et pourrait expliquer les caractéristiques propres au cadran mark 2.  En créant des index un peu plus gros et en modifiant leur composition afin d’augmenter leur luminescence (d’où la couleur plutôt verdâtre), l’objectif semble atteint.  Il est d’ailleurs vrai que ces cadrans s’éclairent encore étonnamment bien dans l’obscurité !

 

Vous avez des pistes ou informations complémentaires afin de mieux comprendre l’origine de ces cadrans ?  N’hésitez pas à m’en faire part.

 

©Gaëtan Lana — Brussels Vintage Watches